Un Conte de Pierre Senges et Alexandros Markeas
Le Conte
Ovide a raconté en plusieurs chants inoubliables la métamorphose de divers
personnages en arbre, en fleur, en animal ou en cours d’eau – il a notamment
chanté, on le sait, la transformation de la nymphe Syrinx en roseau, puis en flûte, animée par le souffle de Pan.
Une Histoire d’Écho, interprétée par le quatuor Manfred et par un récitant, souhaite à son tour raconter une autre série de métamorphoses – elle nous fera découvrir à la suite de quelles aventures des hommes et des femmes se sont métamorphosés en instruments de musique : les deux violons, l’alto et le violoncelle du quatuor.
Au cours de cette pièce, les instrumentistes incarnent des personnages à part entière. Chacun d’eux est intimement attaché à son instrument – il l’est d’autant plus qu’il a été jadis l’ami, la fiancée ou le frère de la personne métamorphosée. Il ne s’en séparerait maintenant pour rien au monde, et grâce à la nymphe Écho, il découvre par quelle magie lui redonner la parole : en faisant résonner ses cordes.
La fable est alors l’occasion de faire découvrir chaque instrument du quatuor, de faire entendre sa voix singulière, et découvrir comment le musicien et son instrument, par tous les moyens imaginables, expriment sentiments et pensées. En somme, il s’agit de chanter ici la métamorphose de la musique en parole, et vice-versa.
Pierre Senges
La musique
Il s’agit d’une rencontre entre une histoire et une musique, entre des mots et des sons, entre une voix et une quatuor à cordes... Elle a aussi, cette rencontre, un prétexte, Les Métamorphoses d’Ovide, ce poète qui chante le changement de forme et qui est obsédé par la fragilité de la frontière entre le vivant et l’inanimé.
Ovide vient stimuler notre imaginaire pour nous guider, pour nous raconter une fois de plus ses histoires à lui dans et par lesquelles la littérature se livre à son jeu préféré: l’assaut des frontières... Nous allons revisiter ses chants, ses personnages, ses idées, pour proposer un conte musical basé sur l’idée de la métamorphose sonore. La transformation graduelle et continue du son du quatuor sera au coeur de l’écriture musicale de ce conte. A travers différentes séquences rythmiques nous essaierons de modifier constamment le timbre, le son, la densité pour traduire ainsi musicalement l’esprit poétique des métamorphoses. Nous allons explorer la fluidité qui se déploie entre les mots et les choses, l’ambiguïté poétique entre le son et le sens qui se trouve au
coeur de chaque musique .
Nous allons remonter jusqu’à l’origine de ces instruments qui semblent continuellement vouloir nous dire quelque chose : est-ce que le violon parle, est-ce qu’une mélodie nous rappelle quelque chose, est-ce qu’un écho sonore c’est quelqu’un qui nous répond de loin, est-ce que le pizzicato du violoncelle c’est le battement d’un coeur...
Alexandros Markeas
Représentations au Théâtre des Feuillants
Tout public Dim. 16 FEV. 2020, 17h00
Scolaire Lun. 17 FEV. 2020, 10h00
